Myana Lilith Adams ≈ Bryden Jenkins

Le dix-huit septembre deux-mille-cinq, ou la date où tout avait basculé. C’était assez étrange, quand on y pensait, car ce jour-là, à dix-neuf heures, il y avait une tempête. Le genre de tempête qui dissuaderait des gens de prendre leur voiture pour se rendre dans un restaurant. Le genre de tempête qui aurait du amener la famille Adams à rester chez eux. Le genre de tempête qui détruisaient des vies, et en l’occurrence, trois.

Quelle idée avait eu les parents de la jeune blonde ce jour-là ? Ils avaient simplement eu envie de sortir, de profiter d’un moment convivial comme toute famille respectable le faisait. Myana se revoyait, à l’arrière de la voiture, assise sur la banquette arrière à faire des grimaces et sourire à son père dans le rétroviseur. Elle était heureuse, en ce temps là. Puis, un choc. Enorme. Brutal. Rapide. Les éclats de verre avaient envahis la route, et le corps de ses deux parents furent projeter contre le pare-brise pour finir par atterrir sur le bitume arrosé d’eau de pluie. Le corps de la petite blonde fut arrêté par le siège avant qui lui causa quelques dégâts à la tête, mais elle était saine et sauve. Elle fût transporté d’urgence à l’hôpital où on lui diagnostiqua un traumatisme cérébral. Pendant que son cerveau délirait, elle appelait ses parents, sans relâche, comme si sa voix pouvait les ramener auprès d’elle. Comme si sa voix pouvait les ramener à la vie. C’était trop tard.

Plus tard, un médecin lui annonça la triste nouvelle avec des mots plus ou moins mignons pour apaiser sa perte, pour donner du sens à celle-ci. Mais quel sens ? Ce jour-là, une partie d’elle était morte avec eux, prenant son innocence avec. Elle comprit que la mort n’avait pas d’état d’âme, et prenait comme bon lui semblait, quitte à rendre orphelins des enfants. Au moins, dans son cas, ses géniteurs n’avaient pas souffert durant l’impact. C’était une maigre consolation, mais c’était toujours ça.

Les années passants, elle fût ballottée de famille en famille avant d’en trouver une qui tenait la route, et qui l’acceptait même avec son tempérament explosif. En même temps, il fallait la comprendre cette enfant, perdre ses parents injustement provoquait des bleus au coeur que seule la colère pouvait panser. Pendant un temps. Jusqu’au jour où plus rien ne faisait l’affaire, et que le cancer noir de la dépression avait envahis ses neurones, la poussant au suicide. Quelques cachets de morphine, et quelques minutes plus tard, son esprit était parti. C’est ce qu’elle aurait voulu, du moins. Sauf que non, la mort ne la voulait pas. Elle n’était décidément pas à son goût.

Intégrer un hopital psychiatrique à ses quinze ans avait été pire que la mort elle-même pour Myana. Lui faire avaler des neuroleptiques, lui dire que tout irait bien alors qu’elle côtoyait des fous tous les jours et qu’elle serait brisée à jamais était insupportable. Elle avait tout fait pour sourire, retrouver des couleurs en surface, simplement pour qu’on lui fiche la paix. Et cela avait marché. Myana avait toujours été douée pour berner les autres, elle y arrivait même avec sa propre personne.

Les semaines et les mois s’étaient ressemblés, bien que maintenant l’alcool et la drogue roulaient à flot dans ses veines. Sa vie était devenu vide de sens, jusqu’à ce qu’elle rencontre Naia. Cette fille qui devint par la suite sa meilleure amie, son clone, sa sœur qu’elle n’avait jamais eu, son tout. Elle se voyait tout faire avec elle, et c’est ainsi qu’elles fuguèrent ensemble. L’air de rien, elles ne se connaissaient pas vraiment. Elles avaient toutes les deux des vies assez chaotiques, mais jamais elles n’en avaient vraiment parlé. A quoi cela servait après tout de remuer le passé ? Ces deux jeunes filles avaient envie d’avancer, et la fugue, était un bon moyen.

Alcool et drogue à profusion, elles se relayaient sur la route, jusqu’à ce que Myana ne décide de s’arrêter pour se ravitailler en nourriture. En revenant, sa meilleure amie n’était plus là. Les clefs étaient encore sur le contact, la porte côté passager était grande ouverte… Les affaires de Naia étaient toujours dans la voiture. Plus jamais elle n’entendrait parler d’elle. Plus jamais elle ne serait la même.