caught red handed. (cléophée)

La sonnerie retentit et Parker pouvait déjà voir tous les étudiants se précipiter dehors, courant à leur occupation. Parce que depuis un moment il n’est plus très bon de rester à l’université, le campus a parfois des airs de cimetières, il faut juste savoir où regarder. Puis il y a ceux qui font semblant que tout va bien, puis ceux comme Parker qui essaye de détourner le regard, de s’occuper de son petit monde. Pourtant c’est de plus en plus compliqué de le faire. Aujourd’hui tout se déroulait comme avant, il était en cours, rigolant avec ses potes, retrouvant sa « copine » dans les couloirs, l’embrassant devant tout le monde avec une passion qu’il n’avait pourtant pas. Il faisait ce qu’il fallait faire pour que sa vie soit « parfaite ». Puis son téléphone vibra dans sa poche, le ramenant à la réalité, sa mère l’appelait. C’était encore peut être une des dernières personnes a le faire sourire sincèrement, à part peut être Davina. Il décrocha, marchant dans les couloirs, laissant ses pieds le guider vers le bureau de l’association des élèves, il devait y récupérer un papier quelconque que le doyen lui a demandé.  « Quand est-ce que tu viens me voir, tu devais venir hier soir pour dîner et j’ai pas eu de nouvelles. » Évidemment qu’elle n’a pas eu de nouvelles. Parce que Parker hier soir, on ne peut pas dire qu’il était en état de sortir ou même d’avoir de la compagnie, parce qu’il avait un « ami », une vieille connaissance qu’il n’appelait que lorsqu’il avait envie de se détendre. De se sentir bien pour une fois, d’avoir l’attention d’un autre homme. Puis comme la plupart du temps, une fois seul, il s’était ouvert une bouteille, la buvant seul pour.. pourquoi il ne savait pas vraiment, pour oublier ? Pour pas avoir de regret ? Pas qu’il se sentait coupable de tromper sa copine, ce sentiment l’avait quitté depuis longtemps. C’est pathétique, c’est méchant peut-être, mais c’est la vie. Life is a bitch, n’est-ce pas ? « Oui m’man désolé, j’ai eu du aller remplacer un collègue à la dernière minute. On se voit ce week-end, d’accord ? Bisous. » Encore un mensonge. A ce train là, il va devoir tenir un carnet de tout ce qu’il dit, il avait parfois l’impression de s’embrouiller dans ce qu’il disait. Il perdait la notion de ce qui était vrai ou non. Peut-être que s’il se répètait qu’il aimait que les femmes, il allai vraiment le croire ? Il avait déjà essayé cette technique bien des fois et pour l’instant ce ne fut pas trop concluant malheureusement. Arrivant au bureau dont il avait la clef évidemment, étant le président. Arf. Une autre blague. Lui, Parker Lewis, le président de l’association des élèves. Il essaya de bloquer de sa pensée la raison pour laquelle il était dans cette position. Se concentrant sur sa mission, prendre ce stupide papier et foutre le camp, rentrant chez lui et jouer avec son chien. Voilà un bon plan. Puis en fermant à clef le bureau, il pouvait entendre de la musique, venant d’une des classes au alentours, celle du club de musique, logiquement. Pourtant il pouvait vite deviner qui jouait. Cléophée, avec son violoncelle, il avait déjà pu l’entendre de loin une ou deux fois. S’approchant de la porte, regardant par la vitre de celle-ci, il pouvant en effet bien voir que c’était la jeune femme. La mâchoire se serrant, il l’observa, elle avait l’air tellement sereine et en paix. Il ne savait pas comment elle pouvait être comme cela, comme si rien ne la touchait, comme si les problèmes du monde ne faisaient que glisser sur elle, sans jamais l’atteindre. Il ne l’avouerai jamais mais il admirait ça chez elle, envieux de savoir faire la même chose. Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que la musique s’était arrêté et que le regard de feu de Cléophée s’était posé sur lui.

Il ne savait pas trop quoi penser de la jeune femme. Disons qu’ils avaient une relation assez complexes.. centré sur des secrets. Comme partout apparemment. De plus en plus il se rend compte que toute sa vie, son environnement, l’endroit où il évolue et même les personnes qu’ils côtoie sont remplie de secrets. Ils mentent, sont hypocrites, puis après accusent les autres de n’être au courant de rien. Beaucoup de personnes font ça et Parker le premier, mais il commence à ouvrir les yeux sur les gens. Fin.. façon de parler, il se dit que c’est ce qu’il est en train de faire alors qu’en réalité il ne voit que ce qu’il veut voir comme toujours, mais petit à petit peut-être qu’un jour il réaliserait que les gens ne sont pas aussi plats qu’ils n’y paraissent. Que comme lui, ils ont différentes facette. Celle qu’il ne veut pas montrer, celle qu’il montre à sa mère, celle qu’il montre à ses vrai amis et celle qui montre à l’université. Elles sont toutes différentes les unes des autres et pourtant font toutes partie de lui. Mais Avec Cléophée, il ne savait pas trop où se situer. On ne pouvait pas dire qu’ils étaient vraiment amis.. ou plutôt amis par bénéfice ? Ils sont polis et amicales l’un avec l’autre sans vraiment être complètement sincère. Ils se voient, se sourient, se parlent, mais c’est toujours d’une manière intéressée. Parce que l’un sait que l’autre cache son secret, c’est d’un commun accord, ils se taisent. Pourtant Parker se sent encore plus pris au piège depuis le suicide de Lindsey.. depuis les cassettes. Parce qu’il a maintenant plusieurs secrets à cacher, puis il a beau nier ce qui est dit. Dire que c’est un mensonge, que ça s’est passé comme cela, Cléophée sait elle que c’est surement vrai.

Comme à cet instant précis d’ailleurs, il sentait un peu pris au piège. Il pouvait voir ce regard déterminé et un peu mesquin qu’elle pouvait avoir, alors que deux minutes avant elle avait l’air si sereine et calme ? On ne peut pas dire que ce soit un visage qu’elle montre souvent en sa présence. Puis comme par automatisme, un sourire faux lui vint au visage quand elle s’approcha de lui. "Tiens Parker, je ne te savais pas fervent de musiques !" C’était tout le temps comme ça entre eux, une conversation poli mais plate, sans réelle discussion. Ils gardaient le secret de l’autre, mais ils n’en parlaient jamais, des secrets en question. « En effet je ne suis pas fervent de musique, j’allais d’ailleurs te demander de jouer mais fort, mais tu joues tellement bien ma chère que je n’ai pas osé t’interrompre. » Que de niaiserie, pourtant Cléophée n’est pas stupide elle peut très bien entendre dans sa voix que ses paroles sont ironiques. Il n’avait aucun intérêt pour la musique et encore moins le violoncelle même s’il pouvait avouer qu’elle jouait assez bien (pas qu’il s’y connaissais en violoncelle, mais d’un point de vue d’un amateur). « Oh je t’en pris ne t’arrête pas pour moi, je sais que je suis un public impressionnant mais je vais bien me tenir. » D’un air assuré il entra la salle de classe pour s’asseoir sur le bureau professeur, comme si la salle lui appartenait, comme si l’espace entier était pour lui. Il la regarda d’un petit air de défis d’une air de ‘bah je t’attends’. Il ne savait pas vraiment pourquoi il restait là, alors qu’il pouvait rentrer chez lui, faire autre chose, loin de sa compagnie qu’il ne cherchait pas vraiment en temps normal.